Le directeur général de l'IATA (International Air Transport Association), Giovanni Bisignani vient d'accorder un entretien au Monde. Il s'y exprime sur la question du financement de la sécurité aérienne.
Les mesures de sécurité ont été renforcées après les attentats déjoués, le 9 août, en Grande-Bretagne. Quelles sont les conséquences financières pour l'industrie du transport aérien ?
Il est encore trop tôt pour en évaluer l'impact. Les nouvelles mesures de sécurité - réduction de la taille du bagage à main, interdiction de transporter des liquides... - ont été une réponse d'urgence à une situation donnée. Il n'est pas acquis qu'elles restent à un niveau aussi élevé ni que de telles menaces persistent. Les passagers doivent être rassurés : les services de renseignement travaillent et le complot a pu être déjoué avant qu'aucun terroriste ne puisse approcher de l'aéroport.
Qui doit endosser les surcoûts occasionnés par ces mesures de sûreté renforcées. Doivent-ils être pris en charge par les Etats ?
Absolument. La plupart des problèmes de sécurité auxquels nous sommes confrontés ne sont pas directement liés au transport aérien. La sûreté nationale relève de la responsabilité des gouvernements. Ceux-ci doivent donc prendre la responsabilité de l'addition. Il n'y aucune raison pour que les gares et les stades bénéficient de subsides de l'Etat mais pas les aéroports ou les compagnies aériennes. La charge additionnelle en matière de sécurité pour l'ensemble des compagnies depuis les attentats de 2001 est de 5,6 milliards de dollars par an (4,4 milliards d'euros).
Faut-il s'attendre à la mise en place par les transporteurs aériens d'une "surcharge sûreté", comme celle existant sur le kérosène ?
Cela existe dans quelques endroits et nous nous battons contre. Non, très clairement, les gouvernements doivent supporter ces surcoûts pour la sécurité.
Ne craignez-vous pas que ces mesures de sécurité supplémentaires poussent les voyageurs vers d'autres moyens de transport ?
Depuis 2001, nous avons fait d'énormes progrès en matière de sûreté : nous avons le plus sûr des transports aériens. Les dispositions adoptées vont de pair avec le niveau des menaces. Et, dans la période actuelle, il y a effectivement un besoin de mesures de sécurité plus important. Toutefois la sûreté n'a pas besoin d'être dérangeante pour être efficace.
La coopération internationale a été la clef du succès de la semaine dernière. Il en faut plus. Nous avons besoin, au plan international, d'une plus forte harmonisation. Le terrorisme ne va pas disparaître et les menaces posées vont évoluer.
Plus que jamais, les gouvernements doivent coopérer pour appréhender les menaces et mettre au point les réponses idoines, plus standardisées, mieux coordonnées. Cela permettra d'accroître la sécurité tout en allégeant la charge qui pèse sur le passager. Si nous n'agissons pas ainsi, nous ferons deux fois plus d'efforts pour moitié moins de résultat.
Quelques compagnies - Michael O'Leary, le PDG de Ryanair, s'est exprimé dans ce sens vendredi - veulent se retourner contre British Airport Authority (BAA) pour obtenir un dédommagement financier et envisagent même des actions en justice. Vous associez-vous à cette démarche ?
Les efforts de BAA pour se prémunir contre les crises de ce type étaient insuffisants : ils n'étaient pas préparés à affronter le surcroît de travail lié à un niveau de sécurité à ce point renforcé. Les aéroports doivent beaucoup anticiper pour affronter de telles situations d'urgence.
Or BAA a déjà connu des situations liées au terrorisme et aurait dû demander l'intervention des militaires, de la police, ou des forces de sécurité afin que ceux-ci mettent immédiatement à disposition le personnel adéquat. Les mesures nécessaires auraient pu être mises en place plus rapidement, et le flot de passagers aurait pu être traité de manière plus fluide.
Nous avons là un signal : désormais, tous les aéroports doivent prévoir un calendrier de réactions à la crise et organiser en conséquence leur management et leurs ressources humaines.
Cliquez ici pour me joindre
Recevez les mises à jour de ce blog directement dans votre boîte mail
Les mesures de sécurité ont été renforcées après les attentats déjoués, le 9 août, en Grande-Bretagne. Quelles sont les conséquences financières pour l'industrie du transport aérien ?
Il est encore trop tôt pour en évaluer l'impact. Les nouvelles mesures de sécurité - réduction de la taille du bagage à main, interdiction de transporter des liquides... - ont été une réponse d'urgence à une situation donnée. Il n'est pas acquis qu'elles restent à un niveau aussi élevé ni que de telles menaces persistent. Les passagers doivent être rassurés : les services de renseignement travaillent et le complot a pu être déjoué avant qu'aucun terroriste ne puisse approcher de l'aéroport.
Qui doit endosser les surcoûts occasionnés par ces mesures de sûreté renforcées. Doivent-ils être pris en charge par les Etats ?
Absolument. La plupart des problèmes de sécurité auxquels nous sommes confrontés ne sont pas directement liés au transport aérien. La sûreté nationale relève de la responsabilité des gouvernements. Ceux-ci doivent donc prendre la responsabilité de l'addition. Il n'y aucune raison pour que les gares et les stades bénéficient de subsides de l'Etat mais pas les aéroports ou les compagnies aériennes. La charge additionnelle en matière de sécurité pour l'ensemble des compagnies depuis les attentats de 2001 est de 5,6 milliards de dollars par an (4,4 milliards d'euros).
Faut-il s'attendre à la mise en place par les transporteurs aériens d'une "surcharge sûreté", comme celle existant sur le kérosène ?
Cela existe dans quelques endroits et nous nous battons contre. Non, très clairement, les gouvernements doivent supporter ces surcoûts pour la sécurité.
Ne craignez-vous pas que ces mesures de sécurité supplémentaires poussent les voyageurs vers d'autres moyens de transport ?
Depuis 2001, nous avons fait d'énormes progrès en matière de sûreté : nous avons le plus sûr des transports aériens. Les dispositions adoptées vont de pair avec le niveau des menaces. Et, dans la période actuelle, il y a effectivement un besoin de mesures de sécurité plus important. Toutefois la sûreté n'a pas besoin d'être dérangeante pour être efficace.
La coopération internationale a été la clef du succès de la semaine dernière. Il en faut plus. Nous avons besoin, au plan international, d'une plus forte harmonisation. Le terrorisme ne va pas disparaître et les menaces posées vont évoluer.
Plus que jamais, les gouvernements doivent coopérer pour appréhender les menaces et mettre au point les réponses idoines, plus standardisées, mieux coordonnées. Cela permettra d'accroître la sécurité tout en allégeant la charge qui pèse sur le passager. Si nous n'agissons pas ainsi, nous ferons deux fois plus d'efforts pour moitié moins de résultat.
Quelques compagnies - Michael O'Leary, le PDG de Ryanair, s'est exprimé dans ce sens vendredi - veulent se retourner contre British Airport Authority (BAA) pour obtenir un dédommagement financier et envisagent même des actions en justice. Vous associez-vous à cette démarche ?
Les efforts de BAA pour se prémunir contre les crises de ce type étaient insuffisants : ils n'étaient pas préparés à affronter le surcroît de travail lié à un niveau de sécurité à ce point renforcé. Les aéroports doivent beaucoup anticiper pour affronter de telles situations d'urgence.
Or BAA a déjà connu des situations liées au terrorisme et aurait dû demander l'intervention des militaires, de la police, ou des forces de sécurité afin que ceux-ci mettent immédiatement à disposition le personnel adéquat. Les mesures nécessaires auraient pu être mises en place plus rapidement, et le flot de passagers aurait pu être traité de manière plus fluide.
Nous avons là un signal : désormais, tous les aéroports doivent prévoir un calendrier de réactions à la crise et organiser en conséquence leur management et leurs ressources humaines.
Cliquez ici pour me joindre
Recevez les mises à jour de ce blog directement dans votre boîte mail
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire