Depuis le 11 septembre 2001, le tourisme doit prendre en compte le risque terroriste. Francesco Frangialli, secrétaire général de l'Organisation mondiale du tourisme (OMT), revient sur les mutations qu'a entraînées cette évolution pour le secteur dans un entretien publié dans le Monde du 31 juillet.
Quelles sont les conséquences du terrorisme sur le tourisme ?
Elles sont claires. La répétition des actes terroristes mais aussi l'accumulation des conflits, épidémies et désastres naturels ont fait que les années 2001 à 2003 ont été marquées par une "croissance zéro" du tourisme international, et donc par une nette rupture par rapport à la tendance croissante antérieure.
Mais le tourisme est résistant. Il ne s'est pas effondré, tant est enraciné, dans nos sociétés modernes, le besoin de loisirs et de dépaysement. Et en 2004, dès lors que les séquelles de l'épidémie de SRAS s'estompaient et qu'une éclaircie se dessinait, les voyages internationaux reprenaient pour atteindre le niveau record de 763 millions, une progression spectaculaire de 10,7 % sur l'année antérieure. Ils ont généré quelque 622 milliards de dollars de dépenses.
Conséquence de ces crises, les comportements se sont modifiés : vacances toujours plus courtes, prises autant que possible dans un environnement familier, décisions de dernière heure, changements de dernière minute ; le tout facilité par l'usage d'Internet.
Que diriez-vous à ceux qui voudraient renoncer de voyager ?
Que le risque est partout, malheureusement, et difficilement prévisible ; que les habitants des grandes cités sont de toute façon exposés qu'ils restent chez eux ou qu'ils se déplacent. La perception du risque doit être intégrée au moment de prendre la décision de partir, mais elle doit être mise en perspective.
Selon vous, les destinations touchées seront-elles durablement affectées ?
Il faut distinguer fondamentalement les attaques contre des grandes villes Madrid, Casablanca, Londres et celles dans lesquelles les visiteurs ou les installations touristiques sont pris pour cibles.
Dans le premier cas, les effets peuvent être relativement limités. C'est ce qui est prévisible pour Londres et pour la Grande-Bretagne. Dans le second, beaucoup dépend de la perception de l'événement, de son traitement par les médias, et naturellement de la gestion de la crise par les opérateurs et les autorités publiques.
Charm el-Cheikh ne peut que souffrir durement, à court terme, de ce qui vient de se passer. Mais cette station balnéaire ne capte qu'un million de visiteurs sur les huit que reçoit l'Egypte, qui viennent dans ce pays pour des motifs essentiellement culturels.
Si le problème est bien pris en main par les autorités et par les tour-opérateurs, la saison d'hiver la plus importante en Egypte ne sera pas nécessairement compromise. L'image du tourisme égyptien pourrait, au final, n'être que marginalement affectée.
Fort de votre expertise, faut-il longtemps à une destination pour reconquérir sa clientèle ?
Il est d'abord manifeste que des phénomènes de "vases communicants" existent, dans le temps comme dans l'espace. Cela s'est vérifié dans le bassin méditerranéen à l'occasion des diverses crises qu'ont connues, depuis les années 1990, les Balkans, la Turquie, l'Egypte ou la Tunisie. C'est vrai aussi en Asie, qu'il s'agisse de l'attentat de Bali, du SRAS ou du tsunami.
Quant à la destination directement touchée par un attentat, l'impression est que la reprise s'opère de plus en plus rapidement, parfois même en six mois, car les autorités publiques et les professionnels sont mieux préparés à faire face, mais aussi en raison d'une certaine accoutumance. On s'habitue même à l'inacceptable !
De toute évidence, l'impact de l'attentat de Charm el-Cheikh ne durera pas autant que celui de Louxor, en 1997.
Quelle aide peut apporter l'Organisation mondiale du tourisme (OMT) aux pays touchés ?
Au fil des années, les 147 pays qui composent l'OMT ont pris conscience qu'en situation de crise ils cessaient d'être concurrents pour devenir partenaires. Un comité de relance, présidé par l'Egypte, a été mis en place immédiatement après le 11 septembre. Les gouvernements des pays émetteurs aussi bien que récepteurs et les professionnels s'y retrouvent ; ils y échangent informations et assistance réciproque. L'organisation a apporté une aide technique dans la préparation aux crises, dans leur gestion et dans le travail avec les médias.
Dans le cas du tsunami, cet hiver, l'OMT a tenu une session extraordinaire de son conseil exécutif à Phuket, en Thaïlande, dès la fin janvier, et mis en place un plan d'action d'urgence en faveur de la Thaïlande, de l'Indonésie, du Sri Lanka et des Maldives. Nous avons réuni des moyens financiers substantiels, publics et privés, et inscrit notre action dans l'ensemble de l'effort de solidarité de l'Organisation des nations unies (ONU), à laquelle appartient l'OMT.
Aujourd'hui, nous sommes en train de mettre au point les modalités de l'aide à apporter à l'Egypte et nous avons proposé notre assistance à la Grande-Bretagne, pays qui vient de décider de rejoindre l'OMT.
Quelles sont les conséquences du terrorisme sur le tourisme ?
Elles sont claires. La répétition des actes terroristes mais aussi l'accumulation des conflits, épidémies et désastres naturels ont fait que les années 2001 à 2003 ont été marquées par une "croissance zéro" du tourisme international, et donc par une nette rupture par rapport à la tendance croissante antérieure.
Mais le tourisme est résistant. Il ne s'est pas effondré, tant est enraciné, dans nos sociétés modernes, le besoin de loisirs et de dépaysement. Et en 2004, dès lors que les séquelles de l'épidémie de SRAS s'estompaient et qu'une éclaircie se dessinait, les voyages internationaux reprenaient pour atteindre le niveau record de 763 millions, une progression spectaculaire de 10,7 % sur l'année antérieure. Ils ont généré quelque 622 milliards de dollars de dépenses.
Conséquence de ces crises, les comportements se sont modifiés : vacances toujours plus courtes, prises autant que possible dans un environnement familier, décisions de dernière heure, changements de dernière minute ; le tout facilité par l'usage d'Internet.
Que diriez-vous à ceux qui voudraient renoncer de voyager ?
Que le risque est partout, malheureusement, et difficilement prévisible ; que les habitants des grandes cités sont de toute façon exposés qu'ils restent chez eux ou qu'ils se déplacent. La perception du risque doit être intégrée au moment de prendre la décision de partir, mais elle doit être mise en perspective.
Selon vous, les destinations touchées seront-elles durablement affectées ?
Il faut distinguer fondamentalement les attaques contre des grandes villes Madrid, Casablanca, Londres et celles dans lesquelles les visiteurs ou les installations touristiques sont pris pour cibles.
Dans le premier cas, les effets peuvent être relativement limités. C'est ce qui est prévisible pour Londres et pour la Grande-Bretagne. Dans le second, beaucoup dépend de la perception de l'événement, de son traitement par les médias, et naturellement de la gestion de la crise par les opérateurs et les autorités publiques.
Charm el-Cheikh ne peut que souffrir durement, à court terme, de ce qui vient de se passer. Mais cette station balnéaire ne capte qu'un million de visiteurs sur les huit que reçoit l'Egypte, qui viennent dans ce pays pour des motifs essentiellement culturels.
Si le problème est bien pris en main par les autorités et par les tour-opérateurs, la saison d'hiver la plus importante en Egypte ne sera pas nécessairement compromise. L'image du tourisme égyptien pourrait, au final, n'être que marginalement affectée.
Fort de votre expertise, faut-il longtemps à une destination pour reconquérir sa clientèle ?
Il est d'abord manifeste que des phénomènes de "vases communicants" existent, dans le temps comme dans l'espace. Cela s'est vérifié dans le bassin méditerranéen à l'occasion des diverses crises qu'ont connues, depuis les années 1990, les Balkans, la Turquie, l'Egypte ou la Tunisie. C'est vrai aussi en Asie, qu'il s'agisse de l'attentat de Bali, du SRAS ou du tsunami.
Quant à la destination directement touchée par un attentat, l'impression est que la reprise s'opère de plus en plus rapidement, parfois même en six mois, car les autorités publiques et les professionnels sont mieux préparés à faire face, mais aussi en raison d'une certaine accoutumance. On s'habitue même à l'inacceptable !
De toute évidence, l'impact de l'attentat de Charm el-Cheikh ne durera pas autant que celui de Louxor, en 1997.
Quelle aide peut apporter l'Organisation mondiale du tourisme (OMT) aux pays touchés ?
Au fil des années, les 147 pays qui composent l'OMT ont pris conscience qu'en situation de crise ils cessaient d'être concurrents pour devenir partenaires. Un comité de relance, présidé par l'Egypte, a été mis en place immédiatement après le 11 septembre. Les gouvernements des pays émetteurs aussi bien que récepteurs et les professionnels s'y retrouvent ; ils y échangent informations et assistance réciproque. L'organisation a apporté une aide technique dans la préparation aux crises, dans leur gestion et dans le travail avec les médias.
Dans le cas du tsunami, cet hiver, l'OMT a tenu une session extraordinaire de son conseil exécutif à Phuket, en Thaïlande, dès la fin janvier, et mis en place un plan d'action d'urgence en faveur de la Thaïlande, de l'Indonésie, du Sri Lanka et des Maldives. Nous avons réuni des moyens financiers substantiels, publics et privés, et inscrit notre action dans l'ensemble de l'effort de solidarité de l'Organisation des nations unies (ONU), à laquelle appartient l'OMT.
Aujourd'hui, nous sommes en train de mettre au point les modalités de l'aide à apporter à l'Egypte et nous avons proposé notre assistance à la Grande-Bretagne, pays qui vient de décider de rejoindre l'OMT.
Source : Le Monde - 31 juillet 2005
Pour me joindre : artduservice@gmail.com
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