Une nuit à l'étage imaginé par Jean Nouvel, sur le thème du libertinage, évoqué par des parois coulissantes en verre imprimées en transparence de photographies érotiques du Japonais Nobuyoshu Araki et du Français Alain Fleischer ? Ou dans l'une des chambres décorées par Norman Foster, cuir et marbre ? Les clients auront l'embarras du choix dans ce nouvel hôtel Puerta de America, à Madrid, de la chaîne espagnole Silken, où le design et la décoration de chacun des douze étages ont été confiés à un architecte ou un designer. Et pas des moindres : David Chipperfield, Ron Arad, Arata Isozaki, pour ne citer que les plus connus. Projet unique par son ampleur (342 chambres, plus de 75 millions d'euros d'investissement), par la participation d'autant d'architectes ou de décorateurs (19 au total), ce nouvel hôtel constitue un véritable défi.
Tous les étages ont été confiés à des architectes ou designers différents :
Jean Nouvel, chargé de la façade et du douzième étage, offre un mélange d'art et d'architecture pour vivre des moments exceptionnels.
Zaha Hadid, lauréat du prix Pritzker, a dessiné le premier étage, certainement le plus singulier : la fluidité des espaces, développés à partir des nouvelles techniques numériques.
Pour le second étage, Norman Foster a cherché à créer un environnement serein qui isole l'hôte du bouillonnement extérieur de la ville.
David Chipperfield a conçu le troisième étage.
Il y a combiné des revêtements faits main, des panneaux tapissés, du marbre blanc...
Eva Castro et Hoger Kehne, Plasma Studio, ont dessiné le quatrième étage.
Ils ont souhaité changer le stéréotype de l'hôtel comme espace anodin en travaillant le développement des surfaces.
Les sévillans Vitorio & Lucchino ont habillé le cinquième étage en réalisant un espace accueillant dans lequel ont été transposées leurs valeurs de mode.
Le sixième étage et le bar sont l'oeuvre de Mark Newson qui, pour concevoir ces espaces, a fait le pari d'un environnement très moderne et relaxant, combinant des matières chaudes et froides afin que le client se sente à l'aise dès le premier instant.
Le septième étage est l'oeuvre de Ron Arad, qui organise l'espace de manière très suggestive et imaginative, en accord avec sa vision du design.
Son interprétation est risquée, mais ouvre des pistes sur ce que doit être l'hôtel du futur.
Kathryn Findlay a imaginé le huitième étage. Son intention était de recréer un lieu de méditation où l'hôte puisse rêver et se sentir flottant dans les nuages ou percevoir l'odeur de la brise.
À cet étage, Jason Bruges a créé pour le hall et les couloirs, en collaboration avec Findlay, des installations de lumière interactives qui réagissent aux pas du client.
Au neuvième étage, Richard Gluckman a su tirer le meilleur parti d'une grande variété de matériaux, en les utilisant de façon totalement inattendue.
Arata Isozaki offre à l'hôte un espace de style minimaliste au dixième étage. Un projet subtil et relaxant marqué par l'influence de la culture japonaise.
Le onzième étage est un projet de Javier Mariscal et Fernando Salas. Ils proposent, au moyen d'un projet graphique complet, un espace accueillant, destiné à provoquer différentes sensations.
Teresa Sapey a donné forme au garage, qui compte 644 places.
Isometrix Ligthting and Design, chargé de la mise en lumière, a créé des solutions adaptées aux projets de chacun des architectes.
Un poème de Paul Eluard, Liberté, dont des extraits en plusieurs langues sont inscrits sur l'immense façade colorée conçue par Jean Nouvel, a fourni le concept de ce projet : chaque architecte a fait ce qu'il voulait.
Chaque étage offre un voyage dans une culture et une époque différentes. La réalisation du jeune bureau d'études Plasma déroute : couloirs qui transportent dans le futur avec leurs formes géométriques en acier inoxydable constituées de fragments triangulaires pourvus d'arêtes concaves et convexes. A l'opposé, le Japonais Arata Isozaki a joué sur l'histoire et la tradition pour imaginer des chambres d'une finesse extrême dans la plus pure tradition de son pays, avec des panneaux coulissants inspirés des portes japonaises ou des kimonos d'exposition dans les suites. Les chambres du Britannique Ron Arad sont des sortes de capsules ovales, avec des lits ronds, la salle de bains se trouvant dans un module central courbe.
Ce joyau de l'architecture est construit au bord d'une autoroute. "On joue justement avec cette esthétique et, dans un centre historique, nous n'aurions peut-être pas pu faire un tel hôtel...", souligne Jean Nouvel.
Le site de l'hôtel : www.hotelpuertamerica.com
Source : Le Monde du 23 juillet 2005
Pour me joindre : artduservice@gmail.com
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